Des voix s’unissent : réglementons les géants du numérique pour protéger les jeunes en ligne

MONTRÉAL, 21 nov. 2024 (GLOBE NEWSWIRE) -- Après plusieurs contretemps, Meta et TikTok Canada se sont finalement désistés de leurs auditions prévues lundi prochain dans le cadre de la Commission spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le développement des jeunes. Plusieurs organismes et spécialistes, représentant des connaissances variées sur l’utilisation des écrans et soucieux de protéger la santé des jeunes, unissent leurs voix pour réitérer l’importance de ne pas laisser les géants du numérique dicter les règles sur leurs plateformes.

Bien que les géants du numérique démontrent une volonté d’adopter des mesures d’autorégulation volontaires, il est impératif que le gouvernement du Québec soit ferme et s’engage à réglementer leurs pratiques plutôt que de leur faire confiance pour protéger les jeunes en ligne.

L’autorégulation : une stratégie pour éviter l’encadrement et maintenir le statu quo
L’efficacité de mesures d’autorégulation volontaires est limitée et constitue souvent une façon pour l’industrie d’échapper à des règles plus strictes. « Ce n’est pas aux géants du numérique de dicter ce qui devrait être permis ou non sur leurs plateformes. Tant mieux s'ils souhaitent coopérer, mais c’est au gouvernement de réglementer leurs pratiques pour protéger les jeunes en ligne », souligne Géna Casu, chargée de projets au Collectif Vital.

Plusieurs expériences démontrent que l’application de mesures d’autorégulation volontaires est inefficace si elle est laissée entre les mains de l’industrie. L’industrie alimentaire, par exemple, s’est dotée récemment d’un Code des pratiques responsables en matière de publicité sur les aliments et les boissons destinés aux enfants qui a peu d’impact sur l’exposition des enfants à la publicité au Canada. Ce Code comporte des failles importantes puisqu’il exclut plusieurs tactiques publicitaires utilisées par les multinationales pour attirer les enfants, et ne prévoit aucune sanction en cas de non-respect.

Meta et TikTok Canada proposent plusieurs outils et fonctionnalités visant à limiter le temps d’écran et à améliorer la protection des jeunes sur leurs plateformes. Les mesures adoptées reposent principalement sur un renforcement du contrôle parental qui, bien qu’important, comprend plusieurs limites en étant souvent mal appliqué ou facilement contourné. Simultanément, ces mêmes compagnies poursuivent leurs efforts pour rendre toujours plus attractifs leurs produits, contribuant ainsi à la croissance du temps d'écran de leurs utilisateurs·trices.

« Nous devons tirer des leçons des échecs de l’autorégulation de l’industrie et ne pas reproduire les mêmes erreurs en faisant confiance aux géants du numérique pour protéger nos jeunes des risques liés à l’utilisation des réseaux sociaux. C’est dès maintenant que le gouvernement doit agir. Il en va de même pour la classification apposée sur les jeux vidéo qui devrait être évaluée par un comité mixte sur lequel siègeraient des expert·e·s en dépendance, ainsi que d’autres du monde de l’enseignement et du développement de l’enfant », affirme Guy Desrosiers, Président-directeur général de Capsana.

La nécessité de réglementer les géants du numérique
Face à ces constats, des mesures concrètes sont à la portée du gouvernement pour mieux encadrer les pratiques des géants du numérique en priorisant l’intérêt supérieur des jeunes, notamment :

  • Interdire aux plateformes de réseaux sociaux de proposer des flux addictifs aux mineurs;
  • Exiger des géants du numérique qu’ils facilitent la compréhension des paramètres de confidentialité et des conditions d’utilisation de leurs plateformes en ligne;
  • Restreindre les publicités en ligne basées sur les données personnelles des mineurs;
  • Encadrer le marketing des influenceurs et influenceuses sur les réseaux sociaux;
  • Assurer une analyse prioritaire des contenus illicites ou préjudiciables signalés par des « signaleurs de confiance »;
  • Imposer l’affichage de messages de prévention sur les réseaux sociaux et les jeux vidéo pour informer les utilisateurs·trices des impacts de leur utilisation pour la santé et bien-être.

« Le modèle d’affaires des géants du numérique est un véritable obstacle à leur engagement visant à mieux protéger les jeunes en ligne. Il est temps qu’ils assument pleinement la part qui leur revient dans la réduction des risques associés avec l’usage de leurs produits », insiste M. Desrosiers.

Dans un contexte où la santé et le bien-être des jeunes sont en jeu, il devient urgent pour le gouvernement d’adopter des mesures d’encadrement face à cette industrie qui ne seront pas influencées par des conflits d’intérêts. « Des actions efficaces pour protéger la santé et le bien-être des jeunes en ligne sont incompatibles avec les intérêts financiers des géants du numérique. Le gouvernement doit en être conscient et réglementer cette industrie », conclut Mme Casu.

Co-signataires

  • Félix Berrigan, Professeur titulaire, Université de Sherbrooke.
  • Maude Bonenfant, Ph. D., Professeure titulaire, Département de communication sociale et publique, Université du Québec à Montréal.
  • Carolanne Campeau, M.I.T., Chargée d'enseignement, Département des sciences de la santé communautaire - Service sur les dépendances, Université de Sherbrooke.
  • Géna Casu, Chargée de projets, Collectif Vital.
  • Jonathan R. Chevrier, Ph. D., Professeur adjoint, Département d'éducation physique, Faculté des sciences de l'éducation, Université Laval.
  • Christian Corbeil, Directeur général, Option consommateurs.
  • Mélissa Côté, Ph.D., Ps. Ed., Professeure adjointe en psychoéducation, Département des fondements et pratiques en éducation, Faculté des sciences de l’éducation, Université Laval.
  • Guy Desrosiers, Président-directeur général, Capsana.
  • Andréanne Gagné, Ph. D., Département d'études sur l'enseignement et l'apprentissage, Faculté des sciences de l'éducation, Université Laval
  • Benoit Gauthier, M. Sc., Candidat au doctorat en sciences humaines appliquées et chargé de cours, Université de Montréal. APPR responsable du dossier santé mentale et écrans, Direction de la santé publique du CISSSMC.
  • Mélissa Généreux, MD, M. Sc., Professeur titulaire, Département des sciences de la santé communautaire, Faculté de médecine et des sciences de la santé, Université de Sherbrooke.
  • Marie-Pier Jolicoeur, Doctorante en droit et chargée de cours, Université Laval et Université d’Ottawa.
  • Emmanuelle Parent, Directrice générale et cofondatrice, Centre pour l'intelligence émotionnelle en ligne (Le CIEL).
  • Tania Tremblay, Ph.D., Enseignante et chercheuse en psychologie, Collège Montmorency.         

À propos du Collectif Vital
Au cœur de la mission du Collectif Vital, une initiative de l’Association pour la santé publique du Québec, il y a la volonté de permettre à la population québécoise d’adopter de saines habitudes de vie au quotidien. Nous misons sur la mise en place de milieux de vie sains et inclusifs, en intervenant collectivement auprès des décideuses et des décideurs. Pour plus de détails, collectifvital.ca.

À propos de Capsana
Capsana est une organisation à vocation sociale, propriété de la Fondation ÉPIC et de la Fondation PSI qui sont en lien avec l'Institut de Cardiologie de Montréal et sa direction de la prévention. Nous nous consacrons entièrement à la promotion de la santé et des saines habitudes de vie ainsi qu'à la prévention et à la gestion des maladies chroniques, et ce depuis plus de 35 ans. Pour plus de détails, capsana.ca.


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