Macroeconomic view : Economie : Trump gagne, Macron perd – Quelles conséquences ?

Oddo bhf am


Bruno Cavalier Chef économiste ODDO BHF Asset Management.


POINTS CLÉS


  • Il arrive que la trajectoire d’un pays change à cause d’un événement politique inattendu. La tentative d’assassinat de ​ ​ Donald ​ ​ Trump, ​ ​ la ​ ​ dissolution ​ ​ de ​ ​ l’Assemblée ​ ​ en France changent la donne.

  • Aux Etats-Unis, une politique économique d’inspiration trumpienne impliquerait en 2025 une baisse des impôts, une hausse des droits de douane et un arrêt du soutien à l’Ukraine.

  • En France, le pays a rarement paru aussi ingouvernable alors ​ même ​ que ​ des ​ choix ​ cruciaux ​ doivent ​ être ​ faits pour redresser la situation des finances publiques.


"Le nez de Cléopâtre s’il eût été plus court toute la face de la terre aurait changé". Cette pensée de Blaise Pascal rappelle à tout un chacun combien de petits faits peuvent avoir de grandes conséquences.


Le 13 juillet, si la balle visant Donald Trump avait dévié de quelques millimètres, elle aurait fait exploser son crâne plutôt que d’écorcher son oreille. Il ne serait pas aujourd’hui vu comme une sorte de miraculé et, par suite, comme le grandissime favori pour gagner l’élection présidentielle américaine. Le 9 juin, si Emmanuel Macron s’était accordé une bonne nuit de sommeil pour digérer sa défaite aux élections européennes, peut-être n’aurait-il pas pris la décision aventureuse de dissoudre l’Assemblée, ce qui a eu pour effet de plonger la France dans un chaos politique comme elle n’en a pas connu depuis des décennies.


Vers un second mandat de Donald Trump


Il y a quelques semaines, il était admis que le résultat de l’élection présidentielle du 5 novembre se jouerait à quelques milliers de voix dans une poignée d’états-pivots. Donald Trump, empêtré dans diverses affaires judiciaires, semblait avoir un léger avantage dans les intentions de vote mais rien qui ne soit décisif.


Deux événements récents ont changé cette perspective.


Le 27 juin, un débat TV entre les candidats a montré que Joe Biden avait d’évidentes faiblesses physiques et cognitives. Le déni du camp démocrate à ce sujet n’était plus tenable . Plusieurs donateurs ont alors appelé ouvertement Joe Biden à retirer sa candidature. Les pressions en ce sens allaient bon train quand un second événement est survenu. Le 13 juillet, Donald Trump a échappé de justesse à une tentative d’assassinat. Pouvait-on imaginer plus fort contraste entre un président en exercice ayant des problèmes pour se déplacer et pour s’exprimer et son adversaire qui, quoique blessé, montrait sa combativité !


Aucune élection n’est jamais jouée tant que le vote n’a pas eu lieu. Certes. On ne peut nier toutefois que Donald Trump a désormais de meilleures chances de victoire. Tout d’abord, il a reçu le soutien financier de grandes fortunes, dont Elon Musk. Ensuite, il est plus difficile pour le camp adverse de le présenter comme une menace alors qu’il vient d’être la victime d’un attentat. Enfin, cet événement, en atténuant la pression pour un renoncement de Joe Biden, réduit les chances des Démocrates de se relancer avec un nouveau candidat.


Dans ces conditions, il faut considérer avec attention ce que pourraient être les grandes priorités d’un second mandat de Donald Trump. On ne peut ici juger que les intentions affichées de l’ancien président, tout en sachant qu’entre un plan et son application beaucoup de facteurs peuvent interférer. Arrêtons-nous à deux sujets essentiels : les relations internationales et l’économie.