À quoi peut-on s’attendre en 2022 ? Les gestionnaires de portefeuille d'Ethenea partagent leurs opinions et font le point quant à l'allocation actuelle des Ethna Funds.
Après l'"Annus Horribilis" de 2020, qui a ébranlée l'économie mondiale, 2021 fut l'année de la "Grande Reprise". « L'économie mondiale devrait croître cette année à un taux robuste de 5,9 %, » dit Andrea Siviero, Investment Strategist chez Ethenea.
Andrea Siviero |
Les investissements en capital et une augmentation des stocks contribueront également à une croissance solide l'année prochaine. Malgré l’amélioration progressive du marché du travail, il est probable que ce dernier accuse un retard par rapport à la reprise de la production et qu'il reste inégal selon les régions. Andrea Siviero : « En 2022, les écarts de production se réduiront peu à peu et la production mondiale devrait retrouver son niveau d'avant pandémie. Nous devrions également assister à une modération de l'inflation, qui devrait tendre vers les objectifs de la banque centrale, à savoir 2 %. »
Christian Schmitt |
« Bien que le scénario de base soit encourageant, l'économie mondiale sera confrontée à plusieurs vents contraires et l'incertitude demeurera élevée, » met en garde Andrea Siviero. L'inadéquation entre l'offre et la demande représente le risque de ralentissement le plus élevé pour la croissance et le risque de progression le plus significatif pour l'inflation.
L'inflation devrait rester élevée au cours du premier semestre de 2022, mais dans la plupart des pays, elle devrait progressivement revenir à son niveau d'avant la pandémie, une fois que les perturbations liées à la pandémie auront été résorbées et que les prix se seront réajustés à un niveau inférieur. La croissance économique devrait rester solide. Les banques centrales des économies avancées devront trouver le juste milieu entre continuer à soutenir la reprise économique et éviter de perdre le contrôle sur l'inflation.
Les développements macroéconomiques et géopolitiques en Chine et l'avenir des relations entre les États-Unis et la Chine auront également un impact sur l'économie mondiale en 2022. Enfin, la pandémie de Covid-19 n'est pas encore totalement maîtrisée et le développement de nouveaux variants contagieux constitue toujours un risque important qui menace la résilience de la reprise économique. Andrea Siviero de conclure « Si l'on parvient à atténuer les pressions inflationnistes et à maîtriser progressivement la pandémie de Covid-19 au niveau mondial, le scénario relativement favorable d'une croissance mondiale supérieure à la tendance pourrait se poursuivre en 2022. »
Volker Schmidt |
« Les perspectives de poursuite du marché haussier actuel - bien qu'à un niveau plus modéré - ne sont pas mauvaises, » dit Christian Schmitt, Senior Portfolio Manager chez Ethenea. « La croissance économique mondiale devrait à nouveau être supérieure à la moyenne en 2022. Les banques centrales aux États-Unis, en Europe et au Japon continuent d'affirmer que la récente augmentation des chiffres de l'inflation est de nature temporaire et que, par conséquent, la fin de la politique monétaire ultra-accommodante peut être envisagée avec une extrême prudence.
Dans le même temps, les expectatives inchangées de faibles rendements pour les investissements à revenu fixe semblent indiquer que les actions continueront de connaître une demande structurellement accrue en 2022 et que les niveaux de valorisation élevés actuels persisteront pour l'instant. Ce sont les principaux moteurs de prix du passé récent et, associés à une solide croissance des ventes et des bénéfices du côté des entreprises, ils plaident en faveur des marchés actions en 2022 également. »
Toutefois, à mesure que ces facteurs de soutien faiblissent, l'incertitude et la nervosité des participants au marché ne cessent de croître. « Cela devrait conduire à des rotations de secteurs ou de styles rapides et marquées, » dit Christian Schmitt. « Les risques d'inflation ont été systématiquement sous-estimés en 2021, non seulement par les entreprises mais aussi par les banques centrales et les investisseurs. Si nous ne constatons pas d'amélioration significative à cet égard, la performance de fin d'année sera assez clairement divisée entre gagnants et perdants de l'inflation. Nous ne voyons actuellement aucune raison de positionner de manière active le portefeuille d’Ethna-DYNAMISCH en vue d'une inflation supérieure aux attentes.
Cependant, dans un souci de minimisation du risque, il convient certainement d'éviter les actions dont le pouvoir de fixation des prix est limité et qui, à leur tour, souffriraient de façon disproportionnée de la hausse de l'inflation. Plutôt que les secteurs individuels, ce sont les idées d'investissement individuelles qui présentent une combinaison convaincante de valorisations intéressantes et de croissance fondamentale qui devraient finalement faire la différence dans l'environnement anticipé du marché des capitaux en 2022. »
« Dans l'ensemble, les opportunités de rendement des actions se distinguent encore en 2022 par rapport aux autres classes d'actifs les plus importantes telles que les obligations, les liquidités et l'or, » conclut Christian Schmitt.
Des perspectives solides pour les obligations, malgré la probabilité d'un soutien moindre de la part des banques centrales En 2021, les banques centrales ont continué à racheter des obligations dans des quantités record, ce qui a fortement soutenu les marchés obligataires. Les hausses de rendement ont été comparativement modérées, malgré une économie qui se redresse rapidement et, dans certains cas, un dépassement marqué des taux d'inflation.
Michael Blümke |
« Notre scénario de base prévoit une nouvelle hausse modérée des rendements au cours de l'année à venir, » continue Volker Schmidt. La forte demande des investisseurs institutionnels tels que les compagnies d'assurance, les fonds de pension, les banques et les fonds spéculatifs, qui ont besoin d'obligations souveraines comme garantie pour leurs stratégies à effet de levier, limitera le potentiel de rendements nettement plus élevés.
Du côté des entreprises, Volker Schmidt s’attend à ce que les bénéfices restent stables en 2022, bien que la hausse des coûts de production puisse mettre une pression sur certaines sociétés ayant un pouvoir de fixation des prix moindre.
« Dans Ethna-DEFENSIV, nous continuons donc à privilégier les entreprises dotées de modèles économiques robustes et de marges solides, qui sont davantage en mesure de répercuter la hausse des coûts des facteurs de production sur les clients grâce à leur positionnement sur le marché. » Les spreads des obligations investment grade devraient rester peu élevées, car les entreprises disposent de suffisamment de liquidités pour les années à venir et ont tendance à utiliser le marché primaire de manière très opportuniste, par exemple en cas de conditions de financement favorables ou pour des fusions et acquisitions. Sur le marché des obligations high yield (haut rendement), les spreads pourraient s'élargir dans une mesure limitée, en raison du niveau extrêmement faible de tension sur le marché.
Volker Schmidt de conclure : « Dans l'ensemble, nous nous attendons donc à une année de "portage" solide du côté des obligations, avec une faible volatilité et des paiements de coupons réguliers, mais nous ne prévoyons pas non plus de hausse significative des prix en raison des spreads déjà très réduits et du potentiel limité de réduction supplémentaire de ces derniers. »
Après une année de rendements impressionnants sur les actions, la question qu’il est légitime de se poser pour 2022 s'il est encore judicieux de surpondérer fortement, au sein un portefeuille flexible multi-actifs, une classe d'actifs qui, de surcroît, est historiquement bien valorisée. « À nos yeux, la réponse est résolument un ‘oui, » dit Michael Blümke, Senior Portfolio manager chez Ethenea. « Bien que le cycle économique soit encore à un stade très précoce, les conditions que nous observons plaident davantage en faveur d'un milieu de cycle, et les valorisations sont déjà comparables à une phase de fin de cycle.
Les marchés obligataires restent une source de rendement peu attrayante. Néanmoins, dans un contexte multi-actifs, nous considérons que détenir une base - bien que restreinte - en titres à revenu fixe est indispensable pour jouer un rôle de stabilisateur lors d'éventuelles périodes de stress. Notre allocation en dollars US offre une fonction stabilisatrice similaire, mais avec un vent de dos fondamental de surcroît. Après plusieurs trimestres de taux de croissance très élevés, en raison des effets de rattrapage et de normalisation faisant suite à la pandémie, nous nous attendons à un ralentissement progressif, qui devrait à son tour entraîner un regain du dollar américain. »
Pour l'or, cette prévision est plus susceptible d'avoir un impact négatif. Michael Blümke : « Comme nous anticipons également une hausse des taux d'intérêt réels, nous restons sceptiques quant au métal précieux pour 2022 - à moins d'un véritable catalyseur - et ne détenons donc aucune position aurifère au sein du portefeuille d’Ethna-AKTIV.
Il convient toutefois de noter que, par rapport à l'année dernière, Michael Blümke prévoit « une volatilité nettement plus élevée avec des rendements plus faibles sur toutes les classes d'actifs évoquées. ».