Par Thomas Rutz, Dorothea Fröhlich, Dimitrios Nteventzis - gestionnaires des fonds MainFirst Emerging Markets Corporate Bond Fund Balanced Fund et du MainFirst Emerging Markets Credit Opportunities Fund
Thomas Rutz |
Les économies des marchés émergents devraient connaître une croissance légèrement plus rapide que celles des pays en développement. Alors que les obligations « investment grade » (IG) des pays émergents ont affiché de solides rendements en 2019, le segment du haut rendement quant à lui va surperformer en 2020.
L'économie mondiale a ralenti en 2019 avec une croissance du PIB mondial de 3,1 % contre 3,9 % en 2018. 2020 sera une année de stabilisation de la croissance mondiale. Les récentes lectures de l'indice PMI manufacturier (Purchasing Managers' Index) indique un plancher à la faiblesse actuelle. De plus, une politique monétaire mondiale accommodante combinée à l'élimination des incertitudes politiques liées à la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine peuvent stimuler l'économie mondiale. L'élimination de l'incertitude concernant de nouvelles augmentations des droits de douane et la réduction de certains tarifs existants suffiront à accroître les dépenses des entreprises et à renverser la récession mondiale des CAPEX. Après tout, les stocks mondiaux sont à des niveaux bas et les entreprises ont même ajourné les dépenses CAPEX de base, en attendant que l'incertitude politique soit clarifiée.
Dorothea Fröhlich |
Selon nos prévisions, au niveau des pays émergents, l'économie chinoise atteindra le creux de la vague au premier trimestre puis se stabilisera, sous l'effet de la diminution de l'incertitude politique et d'un nouvel assouplissement des politiques. En Amérique latine, nous constatons des améliorations cycliques dans toutes les grandes économies, au Brésil, au Mexique et en Colombie. Dans la région CEEMEA, la situation macroéconomique est restée inchangée. En Turquie et en Afrique du Sud, nous constatons un risque plus élevé d'erreurs politiques, mais celles-ci ne devraient pas affecter la reprise économique à court terme.
Nous pensons que les obligations à haut rendement des entreprises des marchés émergents atteindront un rendement de 6 à 8 % en 2020. Nous nous attendons à ce que les taux restent dans une fourchette d'environ 2 %, tandis que nous prévoyons une compression modeste du spead de 30 à 50 points de base. Compte tenu du rendement actuel de l'indice J.P. Morgan CEMBI HY de 6 % et d'une reprise cyclique de l'économie locale, nous pensons qu'un tel objectif est très réaliste. Pour nos stratégies, nous visons des rendements élevés à un chiffre de 8-10%, en tenant compte du rendement plus élevé par rapport à l'indice de référence et d'un certain resserrement supplémentaire du spread issu de la gestion active.
L'année 2019 a été caractérisée par de solides rendements du segment IG, en raison du rallye observé sur les taux américains, le taux des US treasuries à 5 ans étant passé de 2,50 % au début de l'année à 1,50 %. Nous pensons qu'étant donné la reprise cyclique de l'économie mondiale, les taux américains s'échangeront avec un biais positif. Il convient de noter que les régimes de hausse des taux américains sont associés à une surperformance du haut rendement par rapport au investment grade. En effet le segment du haut rendement bénéficie de la durée plus courte par rapport à l’investment grade mais aussi d'une compression plus importante des spreads. Cela dit, nous pensons que 2020 sera une année de lutte pour la surperformance entre le haut rendement et investment grade et, dans nos deux stratégies, nous sommes positionnés pour bénéficier de cette tendance. Nous pensons que le segment « single-b»offre les opportunités les plus intéressantes en termes de risque-rendement.
Dimitrios Nteventzis |
En Amérique Latine, nous voyons le plus de valeur au Mexique et nous apprécions le secteur financier non-bancaire qui négocie à des valorisations attrayantes et offre des avantages grâce à son exposition à la reprise de l'économie mexicaine. L'économie mexicaine a sous-performé depuis le second semestre de 2018, entravée par les élections et les tensions commerciales entre les États-Unis et le Mexique. AMLO est devenu président après les élections de juillet 2018 et bien que ses politiques aient été plus modérées que ce que l’on craignait, certaines erreurs politiques ont nui au sentiment des entreprises. En réponse aux incertitudes accrues, la politique monétaire se resserre depuis 2018, offrant une stabilité des devises mais affectant la croissance. Nous pensons que le Banxico (la banque centrale mexicaine) poursuivra son cycle d'assouplissement en 2020, compte tenu de la stabilité des devises, de la dynamique d'inflation modérée et de la stabilisation mondiale. L'approbation finale de l'USMCA sera un autre catalyseur de l'amélioration du climat des affaires.
Dans la région CEEMEA, nous privilégions l'Arabie Saoudite. Le Royaume poursuit ses efforts pour réduire la dépendance au pétrole et diversifier l'économie. Nous observons un élan soutenu d'amélioration de la gouvernance, ce qui est bien sûr nécessaire pour attirer les investissements étrangers. Dans une certaine mesure, l’introduction en bourse d'Aramco sur le marché intérieur a été une déception. Il est clair que les règles strictes de transparence et de gouvernance nécessaires à un placement international n'ont pas été respectées. Néanmoins, c'est un pas dans la bonne direction et cela ouvre la voie à un plus grand nombre d'entreprises pour accéder au marché des capitaux. La transparence accrue devrait également entraîner un resserrement des écarts de taux dans les obligations d'entreprises privées et nous surpondérons les émetteurs haut rendement saoudiens.