La thématique de la biodiversité est en vogue, et les lancements de nouveaux fonds se sont succédés ces derniers mois, notamment au vu des développements règlementaires à attendre durant les prochains mois. UBP est un des gestionnaires d’actifs qui s’est positionné rapidement sur cette opportunité, avec le lancement en septembre 2021 du fonds UBAM – Biodiversity Restoration. Nous avons récemment eu l’occasion d’interviewer Adrien Cambonie (Gestionnaire du fonds UBAM - Biodiversity Restauration) et Yvan Delaplace (Impact Investment Specialist) afin qu’ils nous renseignent sur le raisonnement qui a mené à la création de ce produit, et des fondamentaux qui supportent aujourd’hui un investissement sur ce produit.
Yvan Delaplace: « Tout d’abord, il était nécessaire qu’il existe tout simplement la possibilité d’investir sur cette thématique, ce qui n’était pas encore possible il y a quelques années car les champs d’application n’existaient tout simplement pas en dehors du private equity. Nous avions également besoin de constituer une équipe qui puisse aborder la construction d’un univers. Pour la biodiversité, il s’agit des entreprises qui vont être en mesure d’avoir un impact positif sur les ODD (Objectifs du Développement Durable) 14 et 15 des Nations Unies. Ceci nous a permis d’avoir une liste de champions durables et un univers d’investissement avant même de lancer notre stratégie. Enfin, nous nous sommes également entourés d’un Advisory Board externe pour nous accompagner, dans lequel nous disposons d’expertises de pointe dans le domaine de la biodiversité. Nous avions les bases qui nous ont permis de pouvoir lancer ce fonds en étant certain de pouvoir apporter notre pierre à l’édifice à une époque où de nombreuses questions restaient en suspens quant à la mesure de l’impact en matière de biodiversité ».
Adrien Cambonie : « Nous avons rapidement compris la complexité du sujet et le risque de mal l’aborder. Nous avons un comité de biodiversité qui rassemble les gestionnaires du fonds et deux ONG (Cambridge Conservation Initiative et Peace Parks Foundation) afin de pouvoir intégrer les thématiques de restauration de la biodiversité dans notre fonds. Nous essayons d’ailleurs d’être un point de relai entre les entreprises et les ONG, en organisant des discussions pour chacune des chaines de production du portefeuille afin d’affiner les mesures utilisées pour calculer l’impact sur la biodiversité des différentes entreprises ».
A.C. : « La plupart des entreprises font aujourd’hui face au défi de savoir ce qu’elles doivent mesurer, et comment elles doivent le faire. La biodiversité peut difficilement se résumer à un indicateur comme les émissions de CO2, car il s’agit d’un sujet beaucoup plus complexe qui nécessite de réaliser une cartographie adéquate de leurs engagements et de leurs dépendances en terme de biodiversité ».
A.C. : « Pour la construction de notre fonds, nous avons voulu avoir une approche assez large du problème en prenant le thème de la protection (réduire l’impact négatif) et de la restauration (impact positif) de la biodiversité. Les entreprises sont aujourd’hui beaucoup plus nombreuses du côté de la protection (65% des encours) que de la restauration (35%), mais nous attendons que l’équilibre entre ces thèmes s’équilibrent au fil du temps ».
A.C. : « Au niveau de la protection, nous allons par exemple avoir les entreprises actives dans le recyclage (métaux, plastique, textile, etc), la gestion des déchets, le traitement de l’eau (distribution, filtration, etc), la construction de cités vertes (génie civil, immobilier) ou la gestion durable des ressources (notamment l’exploitation forestière). Pour la restauration, nous allons être plutôt être exposés sur des activités comme testing/monitoring pour mesurer la qualité des eaux et des sols ou la détection des fuites dans le réseau de distribution d’eau. Un autre axe concerne davantage la chaîne de production alimentaire, de la consommation (fermes verticales, protéines alternatives, etc) à la production (agriculture de précision ou régénérative) ».
Y.D. : « Certains segments vont avoir une représentation plus importante de grands acteurs établis et rentables, tandis que d’autres vont comporter des acteurs un peu moins établis. Dans le domaine de la biodiversité, il est important de pouvoir combiner des entreprises avec des projets innovateurs et intéressants avec des profils qui offrent une rentabilité éprouvée. Ce besoin est devenu encore plus important dans les marchés que nous avons connus en 2022. Nous avons réduit la proportion d’entreprises non profitables dans nos stratégies ».
Y.D. : « Ce produit a initialement fait l’objet de beaucoup de curiosité de la part de nos clients, mais également beaucoup de questionnements sur la manière d’avoir un calcul précis de l’impact. Depuis décembre 2022, nous avons vu une deuxième vague d’intérêt de la part des clients au vu de la pression règlementaire qui est en train de se mettre en place pour les prochains mois. Nous attendons notamment les conclusions de la Taskforce on Nature-Related Financial Disclosures (TNFD) pour le mois de septembre, et qui devraient servir de base aux développements règlementaires futurs ».